Piraterie aux Antilles

 

La zone de navigation des Antilles est une zone globalement sûre même si elle reste dans les sites gouvernementaux parmi les zones à risque.

 

Carte issue du site : diplomatie.gouv.fr. Zone hachurée = zone à risque de piraterie pour la région qui nous intéresse.

 

J’ai repris tous les actes de piraterie déclarés aux autorités policières des différents états dans les 5 dernières années. Est considéré comme « acte de piraterie » tout acte d’abordage contre un navire avec l’intention de commettre un vol ou tout autre crime et avec la capacité d’utiliser la force pour l’accomplissement de l’acte (définition du BMI : Bureau Maritime International).

Les vols ou tentatives d’effractions sont donc considérés comme acte de piraterie, ce qui gonfle énormément les statistiques. J’ai donc séparé volontairement les vols ou tentatives d’effractions des agressions, qui me semblent, elles, plus représentatives de la dangerosité de la zone de navigation. J’ai considéré comme agressions (« Agr. » dans le tableau)  tout acte de violence avec ou sans armes sur le plaisancier (irruption d’un étranger menaçant à bord la nuit, acte de violence). Les statistiques deviennent nettement moins inquiétantes et on peut donc confirmer que cette zone est une zone où le risque d’être confronté à un agresseur est très faible voire négligeable. N’annulez donc pas votre croisière à la lecture de cet article, bien au contraire !

 

A partir des données tirées du site : noonsite.com, ce tableau résume le nombre d’actes de piraterie selon la définition BMI, que j’ai ensuite triés entre vol et agression (Agr.), agression que j’ai défini par tout acte mettant directement en contact l’équipage avec un intrus aux intentions malveillantes

 

On peut néanmoins tirer quelques conclusions de ce tableau :

-1./ Les agressions :

Elles sont rares au regard du nombre de plaisanciers fréquentant les Antilles et se concentrent sur 3 îles : Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines.

J’ai répertorié 2 morts en 5 ans : un skipper anglais en 2014 à Sainte-Lucie près de Rodney Bay et un skipper allemand à Wallilabou sur l’île de Saint-Vincent en 2016. On peut ajouter au paragraphe des actes très violents une agression à la machette avec blessure nécessitant une hospitalisation à Union aux Grenadines en 2015, un kidnapping à Grenade en 2016 ainsi qu’une tentative de viol sur la même île en 2014.

 

L’île de Saint Vincent a toujours été considérée comme « à éviter » par les plaisanciers et les skippers « pro ». Y sont relatés essentiellement des faits de rackets et de vols sur les bateaux.

 

L’île de Sainte-Lucie, très touristique, n’est pas à éviter pour autant. Les agressions sont toutes localisées au Nord de l’île, aux alentours de Rodney Bay et je vous conseille d’éviter simplement cette zone.

 

Les Grenadines sont très touristiques et comme toute zone touristique, elles concentrent aussi les voleurs et agresseurs en tout genre, attirés par le niveau de vie des plaisanciers, souvent démesurément différents du leur…

 

-2./ Les vols :

 

La très grande majorité des vols concernent l’annexe et son moteur hors-bord, comme il est bien connu dans le monde de la plaisance. J’en profite pour rappeler que l’annexe et son moteur sont exclus de la caution que vous versez lors de votre location pour les dégats accidentels que vous pourriez occasionner sur le bateau. Veillez donc a avoir à bord un cadenas pour annexe et moteur lors de la prise en main du bateau. Réclamez-le s’il ne fait pas partie de l’inventaire car vous serez responsable en cas de vol…

Ensuite, il s’agit de vols ou de tentatives de vol sur le bateau en l’absence de l’équipage, souvent parti manger à terre, le soir, pour dérober argent liquide, ordinateurs, tablettes, montres et téléphones…

 

Ils se concentrent sur 3 îles : Saint-Martin, Grenade, Sainte-Lucie et Les Grenadines.

 

Saint-Martin est connue pour être une île où règne un très fort taux d’insécurité, ce qui est confirmé par ces statistiques. La partie néerlandaise au Sud de l’île est plus dangereuse que la partie française au Nord. Le nombre de bateaux stationnés dans les marinas au mouillage est très important, parfois pour de longues périodes, et on retrouve donc assez logiquement un taux de vol important.

 

Je ne connais pas Grenade, mais à priori, il n’est pas conseillé de laisser son bateau sans surveillance autour de cette île…

 

Mouillages « à risque »

 

Les mouillages suivants sont les plus fréquemment cités dans cette enquête. Chaque skipper reste bien sûr seul maître à bord et appréciera bien sûr le risque lui même…

 

-Antigua : les vols déclarés ont eu lieu à Holly Harbour au Sud-Ouest de l’île.

 

-Grenade : Mount Hartman Bay, qui semble régulièrement l’objet de raid de voleurs sur plusieurs voiliers la même nuit, Prickly Bay, et Port-Louis

 

-Sainte-Lucie : Essentiellement Rodney Bay, un peu moins Marigot Bay

 

-Saint-Martin : Marigot

 

-Martinique : Anse Mitan, déjà connue par les terriens comme plage à risque…

 

-Saint-Vincent : Chateaubelair, Wallilabou, Blue-lagoon, Buccament Bay…

 

-Les Grenadines : toutes les îles sont concernés, mais Bequia et Canouan sont les plus exposées, surtout Bequia.

 

Conseils aux plaisanciers

 

Bien sûr, il ne faut pas rayer de votre itinéraire tous les lieux cités dans la page « Mouillages à risque ». Il serait dommage par exemple de ne pas visiter Marigot Bay à Sainte-Lucie…

Encore une fois, la zone est globalement sûre, et les actes violents sont rares, bien plus que dans la ville que vous habitez le reste de l’année…

Mais cela incitera, sans devenir paranoïaque, à la vigilance, vigilance qui doit être expliquée et partagée par tout l’équipage :

 

-On ne laissera pas le bateau ouvert et on évitera de laisser « à vue » tout matériel un peu ostentatoire : argent, appareils photos, téléphones, ordinateurs, tablettes, etc, …

 

-Dans ces lieux, il peut être bon de ne pas laisser le bateau seul sans personne à bord, particulièrement à Marigot Bay et surtout à Bequia. Admirality Bay est un passage quasi obligé pour tous les plaisanciers car c’est la porte d’entrée aux Grenadines, où vous ferez vos formalités de clearance (cf chapitre dédié) et en profiterez pour faire un peu d’avitaillement. Certains individus mal intentionnés observent du rivage et profitent de votre absence pour « visiter » le bateau pendant votre absence. N’hésitez pas à solliciter les bateaux voisins pour surveiller votre bateau pendant que vous serez à terre.

 

-Assurez vous que les moyens de communications (téléphones cellulaires et/ou satellites, VHF…) et que les moyens électroniques du bord (GPS, balise d’alerte, radar…) fonctionnent 

 

-Informez une personne restant à terre de la route que vous comptez emprunter, laissez lui un document qui présente le voyage initialement prévu, la composition de l’équipage, les caractéristiques du navire et ses moyens de communication 

 

-maintenez une veille permanente anti-piraterie 24h sur 24 par VHF en guise de solidarité avec les voiliers qui vous entourent. Si vous aimeriez que quelqu’un vienne vous aider en cas d’appel par VHF, restez en veille pour éventuellement aider quelqu’un qui envoie un message d’urgence…

 

-ne mouillez pas trop près des côtes dans les zones sensibles

 

-évitez le cabotage de nuit et la navigation isolée

 

-restez discret lors des escales sur votre programme (dates, parcours)