De Toulon au Cap Bénat

La Rade d’Hyères

En poursuivant une route d’Ouest en Est, après les falaises blanches des calanques de Cassis, ocres de la Ciotat et noires du Cap Sicié, les reliefs s’adoucissent autant que la météo s’assagit… En effet, le mistral, prenant naissance dans la vallée du Rhone, souffle fort au niveau du delta du Rhone mais s’affaiblit après le Cap Sicié en prenant une direction plus Ouest. En arrivant sur la presqu’île de Giens, on rejoint donc la rade d’Hyères, un bassin de navigation ou les conditions météo sont beaucoup plus clémentes qu’au niveau de la rade de Marseille. Fermée au Nord par le Massif montagneux des Maures, à l’Ouest par la Presqu’île de Giens, au Sud par les îles d’Or ou Iles d’Hyères, Porquerolles, Port-Cros et l’Ile du Levant, ce bassin est idéal pour la croisière familiale, particulièrement avec des enfants. On y navigue à vue, la mer y est (presque) toujours navigable et les mouillages sont nombreux et parmi les plus beaux de la Méditerranée. Bien sûr, le revers de la médaille est une fréquentation importante pendant la saison estivale, surtout entre les 15 Juillet et 15 Août. Ne pas oublier que les coups de vent d’Ouest pouvant durer 2 à 3 jours sont fréquents, même l’été, et qu’un minimum d’anticipation reste nécessaire pour ne pas être coincé par Force 7 dans un mouillage exposé… Préparer sa navigation et surtout ses étapes de jour et de nuit est indispensable…

Par beau temps, tous les mouillages sont envisageables et il vous faudra plusieurs séjours pour tous les connaître et les visiter, tant ils sont nombreux…

Par mauvais temps, seul le port de Porquerolles constitue un vrai refuge, même si la protection des vents d’Ouest y est relative, il est en effet fréquent par mistral fort d’enregistrer des rafales à 40 nœuds dans le port. Le plan d’eau à l’intérieur peut être agité d’un clapot de 50 à 60 cm, attention à bien amarrer votre bateau et à régler les pare-battages en conséquence…

Le port d’Hyères, un des plus grands ports de plaisance de France, est également un bon abri, mais il est souvent plein et y trouver une place n’est pas forcément facile. A côté de ces ports confortables, il existe des mouillages bien abrités des vents d’Ouest, à connaître pour ne pas se faire surprendre si les conditions se dégradent.

La Presqu’île de Giens

En forme de raquette, la Presqu’île de Giens regorge de baies, plages et autres criques, toutes prétextes à de superbes mouillages de jour ou de nuit. Je ne les ai pas tous fait, loin de là et heureusement qu’il me reste encore plein de choses à découvrir !!!

La presqu'île de Giens regorge de mouillages de beau temps: à vous de les explorer...!

Les écueils de Nidan

A l’extrémité Sud-Ouest de la Presqu’île de Giens, à l’Ouest de la baie du Niel, se trouve un magnifique mouillage qu’il faut aborder avec précaution car le littoral n’est pas franc du tout, c’est peut être pour cela qu’il n’est pas très fréquenté. En fait, c’est tout ce petit bout de côte, entre la baie du Niel et la Pointe du Rabat, qui vaut un arrêt, tant le site est naturel avec une eau d’une incroyable couleur. Mais attention à bien préparer votre atterrissage… je vous conseille également de placer un équipier à l’avant pour parer les gros rochers qui affleurent parfois. Un des plus beaux mouillages se situe derrière les écueils de Nidan, mais attention de ne pas trop vous laisser absorber par la beauté des lieux avant de vous être assurés que vous êtes correctement ancrés... les rochers ne sont jamais très loin !! Un marin prévenu en vaut 2 !!

La Baie du Niel

A vrai dire, le seul mouillage que j’y ai fait se trouve au milieu de la côte Sud, dans la Baie du Niel, à l’Est du petit port éponyme, au bord d’une belle plage, occupée en partie par un centre de vacances pour handicapés. Pas de difficulté particulière pour mouiller, il vaut mieux rester dans l’axe de la baie pour parer les rochers du bord Ouest, on peut s’avancer vers la plage jusqu’à la ligne des 3 m, la pioche tient bien dans les fonds de sable. La protection des vents d’Ouest est moyenne et l’endroit reste un peu rouleur mais en plein juillet 2014, nous y avons passé une nuit, seuls au mouillage !

De ce mouillage, on accède facilement en annexe au petit port du Niel, où la profondeur d’eau limite l’accès aux bateaux de pêche, à quelques voiliers de moins de 30 pieds, et aux bateaux à moteur. C’est un endroit charmant, très photogénique, où persiste une vraie activité de pêche traditionnelle. Vous pourrez y acheter du poisson directement aux pêcheurs. Les quais sont bordés de quelques bars ou restaurants où règnent une ambiance très cool. Un vrai coup de cœur !!

Si vous passez dans le coin, ne ratez pas le petit port du Niel: un joyau !!

Le passage entre la Presqu’île et Porquerolles est occupé par les 2 îles du Ribaud, la Petite et la Grande. On peut passer indifféremment à tribord ou à babord des 2 îles mais attention, le passage entre l’île du Petit Ribaud et la terre est étroit et il faut plutôt serrer la terre pour parer des roches qui débordent largement la pointe Nord de l’îlet. Il existe un mouillage de beau temps sur la baie orientée Sud-Est de l’île du Grand Ribaud à condition de rester au delà de la ligne des 3 m car elle encombrée de rochers, notamment en son centre.

La Plage de la Badine

Après le Cap de l’Esterel, sur le versant Est de la presqu’île, la plage de la Badine, très fréquentée l’été, présente l’intérêt d’être un bon abri des vents d’Ouest lorsque le mistral souffle. On y mouille sur des fonds de sable de bonne tenue à 3 ou 4m. C’est un abri connu et il y a du monde quand ça souffle. Ceci dit, c’est un mouillage à retenir comme refuge au cas ou on se trouve dépourvu, sans solution, avec la brise qui monte.  

Un excellent abri par mistral, qui ne manque pas de charme...

La côte des Maures entre La Londe Les Maures et le Cap Bénat

Fermant la rade d’Hyères au Nord, la côte des Maures, entre La Londe les Maures et le Cap Bénat, ne manque pas d’intérêt. Elle est classée Parc Régional protégé depuis de nombreuses années et par conséquent inconstructible, ce qui est assez rare dans la région. Vue de la mer, les reliefs du Massif des Maures tombent dans l’eau et peu de constructions viennent entacher le paysage. Ce sont essentiellement des exploitations vinicoles ou oléicoles qui bordent le littoral. A terre, on ne trouve que 3 accès à la plage sur les 10 km qui séparent le village de La Londe du Fort de Brégançon, mais il faut traverser des terrains privés. Les propriétaires ont vite compris la rente que pouvaient leur apporter des terrains si bien placés et ont installé des barrières pour rendre ces accès payants. Quelques paillotes de plage ont été installées mais globalement cette côte est magnifique, naturelle, sauvage et très préservée.

Ne manquez cette partie de la côte, elle compte plusieurs plages parmi les plus belles de France...

Elle est très découpée et les criques s’enchaînent, toutes plus belles les unes que les autres. Attention, elles sont toutes assez ouvertes à l’Ouest ou au Sud-Ouest et elles ne constituent pas de bons abris lorsque le vent souffle fort. Elles peuvent même constituer des pièges si on dérape car elles sont assez étroites (Léoube, l’Estagnol) et les fonds remontent vite : gare aux quilles !!

Le Port de La Londe

Le port de La Londe les Maures s’est sérieusement envasé depuis les inondations dramatiques de l’hiver 2014, et il est maintenant impossible d’y obtenir une place avec un tirant d’eau supérieur à 1m60. Il n’y a pas de zone de mouillage à proximité du port. L’accueil est mauvais et on vous fait vite comprendre que vous n’êtes pas le bienvenu. Cherchant à mouiller dans le coin pour rendre visite à un copain qui habite dans les hauteurs, nous nous sommes faits refoulés par les CRS alors que nous étions à l’ancre au delà de la zone des 300m, près du chenal d’accès au port. Alors que nous remontions le mouillage, on nous a même demandé notre état civil pour inscrire l’intervention sur les minutes des CRS de la zone !! Bonjour l’accueil… Finalement, on a trouvé une solution plus que moyenne au niveau de la plage de l’Argentière, au delà d’une zone de mouillage sur bouée, au delà de la zone des 300m, dans un endroit ou les fonds sont à 3m, à environ 400m de la plage !!! Bref, il faut éviter La Londe les Maures, à moins que vous n’obteniez une place au port, avec la réserve de votre tirant d’eau.

le port de La Londe-les-Maures, à éviter... par les grands tirants d'eau ( >à 1,60m) et pour l'accueil !! 

La plage de Léoube

Magnifique endroit, c’est un gros coup de cœur !! Mais attention à l’accès qui n’est pas facile, n’hésitez pas à utiliser l’I-Pad !!! Il faut bien contourner au Sud l’îlot de Léoube car il est entouré de rochers qui débordent largement au Sud et au SE. En fait, il existe un passage assez étroit matérialisé par 2 bouées jaunes de la ligne des 300m mais attention, ce ne sont pas des bouées de chenal. Une fois les bouées jaunes franchies, il faut incurver sa trajectoire vers le N-NE en visant un ponton, en avançant très doucement au moteur, en surveillant le sondeur et en lâchant la pioche dans 2 à 3m d’eau sur des fonds de sable. Si vous voulez rester là la nuit, surveillez la météo et mettez vous au beau milieu de la baie pour garder de l’eau sous la quille en cas de brise thermique qui ferait tourner le bateau. 

La plage est sublime, sauvage, peu fréquentée, abritée de l’Ouest, éloignée des accès routiers, ce qui la réserve à ceux qui ont le courage de marcher 30min sous un soleil de plomb sur le sentier du littoral. Le soir, c’est un privilège de pouvoir se l’approprier quand les quelques touristes ont quitté les lieux !! Il existe une superbe villa, légèrement en retrait de la plage, avec de grandes tentures blanches, qui fait partie du domaine de Léoube, exploitation vinicole et oléicole appartenant à un richissime anglais. Ne vous avisez pas de franchir les barrières en bois, au delà desquelles vous entrez dans la propriété, ou vous serez refoulés par des gardiens circulant en quad.

La plage de l’Estagnol

Très beau site mais hyper-fréquenté la journée, beaucoup de bateaux à moteur. C’est une jolie crique arrondie. Elle est un des 3 accès à la bande littorale, avec un grand parking derrière la plage, quelques paillotes… Personnellement, je ne suis pas fan, sauf à y arriver en fin d’après-midi, lorsque la densité de touristes devient plus supportable, pour y passer la nuit et pour profiter des premières heures de la matinée le lendemain. Attention à ne pas trop dépasser une ligne joignant les 2 pointes rocheuses qui ferment la baie car les fonds remontent vite, les 2 étant par ailleurs débordées par des rochers, surtout la pointe Est. Veillez à bien rester dans l’axe.

Toujours dans le top 10 des plus belles plages de France, la plage de L'Estagnol

La plage du Jardin ou plage d’Argent.

Je la préfère nettement à la précédente. C’est une vaste baie ouverte au S-SO. Toute la partie située entre la pointe Ouest et l’îlot du Jardin n’est pas saine, beaucoup de rochers et pas beaucoup de fond. On mouille au milieu de la baie sur des fonds de sable. Un peu plus fréquentée que la plage de Léoube mais le site est très beau, encore assez naturel. Quelques villas, invisibles de la plage, en ont un accès direct. Seule une villa de famille retirée dispose d’un pavillon de plage blanc, très visible, posé à quelques mètres de l’eau.

La plage de la Vignasse

A l’extrémité Est de la plage d’Argent, se trouve une charmante petite plage, moins fréquentée que ses voisines, très belle, bordée d’un petit cordon dunaire planté d’oyats et autres graminées. En venant de la plage d’Argent, il faut contourner largement le petit éperon rocheux qui les sépare, car il est débordé d’un haut-fond à moins de 2m. L’accès à la Vignasse est assez étroit, le mouillage est souvent un peu rouleur car exposé à l’Ouest, mais le site vaut le coup. Il ne faut surtout pas essayer d’entrer dans le petit port privé qui ferme la crique à l’Est car il n’y a pas de fond, il est réservé aux petits bateaux à moteur sans tirant d’eau. Il faut faire très attention aux rochers situés juste avant le port. Le mieux est de se présenter face à la plage avec un cap plein Est. C’est un petit coup de cœur, à faire par grand beau temps.

La plage de Brégançon

Grande plage située juste à côté du Fort de Brégançon, elle est complétement ouverte à l’Ouest et le mouillage est donc souvent assez rouleur. Attention de ne pas trop approcher de la plage car les fonds remontent vite. La plage est bondée en saison car c’est le troisième accès à cette portion de côte protégée avec celui de la plage de Pellegrin et celui de l’Estagnol. Le Fort de Brégançon doit être gardé à distance, la ligne de bouées jaunes qui l’entoure ne doit pas être franchie, sous peine d’être vertement raccompagné au delà par des CRS embusqués au niveau de l’isthme qui a été construit pour relier « à sec » l’îlot de Brégançon à la terre. Si, comme la plupart des gens sur la plage, vous avez la curiosité de savoir ce qui se cache derrière les hauts murs de la résidence d’été de notre président, sachez qu’une partie se visite lors des journées du patrimoine…

Le Cap Bénat

Entre le Fort de Brégançon et le Cap Bénat, la côte change : plus de plages mais une succession de criques rocheuses avec des falaises qui s’élèvent rapidement jusqu’au Cap qui culmine à près de 200m. On y découvre de somptueuses villas dont certaines ont un accès privatif à la mer, se jouant de l’escarpement de la côte. 

Le Cap Benat avec, en arrière plan, la Baie du Pradet et son petit port. 

L’endroit vaut d’être connu car il constitue un des meilleurs abris de l’Ouest, entre la Presqu’île de Giens et celle de Saint-Tropez. Entre la Pointe du Cristau et le Port de la Favière (ou Port de Bormes-les-Mimosas), 3 baies sont particulièrement bien protégées de l’Ouest :

-La Baie du Pradet, assez large et pouvant recevoir une dizaine de voiliers, on y mouille sur des fonds de sable et posidonie de bonne tenue.

-Une petite crique entre les pointes du Pinet et de l’Esquillette, ma préférée, à l’abri d’une haute falaise très abrupte en arc de cercle. Fonds à 3-4m de sable d’excellente tenue. Quelques rafales parviennent à franchir la falaise, mais la mer reste plate. Un coup de cœur !!

-L’Anse du Gau, une grande baie où il y a de la place, attention au rayon d’évitage quand le mistral souffle, mouillage sur des fonds de sable également.